A sa première investiture, le 21 décembre z010, en tant que premier Président guinéen démocratiquement élu, Alpha Condé disait, au Président Jacob Zuma de l'Afrique du sud, qu'il sera le Mandela de la Guinée qui va unir les fils du pays. Dix années passées et deux mandats après, le temps est venu pour dire s'il l'a été ou non; ou tout simplement s'il lui a approché.
Le progrès étant un processus long et périlleux, il débute là où le régime du professeur préféré semble avoir sauté le pas : la réconciliation nationale et le vivre ensemble. Car il n'y a de préalable à un développement durable que la stabilité.
C'est vrai, le barrage hydroélectrique de Kaléta, les infrastructures des fêtes tournantes de l'indépendance nationale et les autres projets réalisés depuis 2010 sont élogieux. Mais qu'en est-il de l'état de la tranquillité sociale de notre pays depuis votre venue à Sékoutourèya ? C'est là où vous n'avez pas réussi et c'est pourtant là où Mandela a réussi. Alors vous n'êtes pas notre Mandela !
Plus de deux décennies après son départ du pouvoir de Pretoria et sept ans après sa mort, le peuple sud-africain et tout le monde entier se rappellent de Nelson Rolilala Mandela comme celui qui aura permit de construire, brique après brique, l'unité de la « nation arc-en-ciel ».
En Guinée, le climat social se dégrade davantage chaque jour que le bon Dieu fait. Jamais le pays n'a été autant divisé et jamais la haine et l'intolérance n'ont aussi explosé et envahies la place publique.
Non ! Vous n'êtes que notre Alpha. Et pas celui qui a suscité tous les espoirs du monde en 2010 mais celui qui, au bout de 9 ans passés aux commandes, a déçu toutes ces espérances et qui semble aujourd'hui n'avoir aucune carte à jouer sur le champ de la cohésion et la paix sociale.
La création d'un Ministère de l'unité nationale et l'érection d'une commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale ont pourtant sonné comme une lueur d'espoir pour les nostalgiques de l'unité affichée par les guinéens lors de la lutte anticolonialiste. Mais le premier n'a jamais eu les moyens de sa mission (des mois sans siège, pas de démembrement dans les régions et préfectures et l'unique projet porté par le département a été saboté par le Président de la République lui-même) et la seconde n'est restée que provisoire après plusieurs années de sa création, malgré la publication de son seul rapport lui aussi toujours provisoire.
Madiba, même après son mandat, n'est pas resté silencieux à chaque fois que son pays se trouvait au bord de la division et la haine raciale.
Mandela, durant toute sa vie, et surtout pendant sa carrière politique, s'est donné corps et âme pour atteindre un seul but : celui de l'édification d'un véritable état de droit où la tolérance et l'égalité entre différents groupes ethniques et racials seront le fer de lance de la marche de l'Afrique du Sud vers la cohabitation pacifique et le progrès. D'où la nation arc-en-ciel que le monde connaît aujourd'hui.
Je suis désolé de vous le dire, tels les juifs qui attendent toujours leur messie, la Guinée attend encore son Mandela. Je puis vous dire que son arrivée ne serait pas pour 2020. Et, j'ose croire, qu'il n'est pas de l'actuelle génération d'hommes politiques. Et s'il m'étais permis de faire du Martin Luther King, je prierais que le Mandela de la Guinée soit une femme. Dites simplement Amine !
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